HISTOIRE & TRADITIONS
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Histoire sommaire de Montaigut en Albigeois à travers les siècles 

 Dès le Ier siècle, la plaine du Tarn de Saint-Sulpice jusqu’à Albi était jalonnée par des Villae gallo-romaines. 

Le castrum Mons Acutus devait en faire partie. Positionné géographique à proximité d’une voie romaine sur la rive droite du Tarn (actuellement le chemin Toulze), cette voie partait de Toulouse (Tolosa) jusqu’à Rodez (Segudunum) où un trafic commercial s’organise. Cette voie était également empruntée pour le déplacement des armées, du courrier, etc. Pendant les siècles suivants, se développe à Mons Acutus une vie paisible, avec un essor de la démographie, de la culture agricole, viticulture, commerces artisanaux, etc.  

Au IXe siècle, le comte de Toulouse Eude épouse en 878, une Garsinde fille du comte Ermengaud d’Albi. Mons Acutus passe dans le domaine toulousain, alors ce castrum se développe en village, d’abord en simple motte castrale d’origine, puis en motte castrale plus importante avec sa basse-cour.  

Bref, cet emplacement était au bel endroit pour une surveillance de cette plaine stratégique. 

Au Xe siècle, la maison de Toulouse envoi un groupe de ses chevaliers pour la réorganisation de ce territoire, la motte castrale est arasée et Montaigut possède son château avec son enceinte fortifiée. Une seigneurie se développe notamment avec un Arnault de Montaigut et ses 32 chevaliers répartis dans des coseigneuries annexes (ex villae), tandis que d’autres chevaliers vont épouser la cause des Templiers, notamment de Vaour. Cette cour voit en son sein des Troubadours allant de châteaux en châteaux, portant la culture musicale et poétique ainsi que quelques nouvelles d’autres châtelains. Puis, des mariages sont réalisés avec des familles de haut rang de l’albigeois notamment avec les Alaman… 

Au XIIe siècle, se développe dans toute l’Occitanie une dissidence par rapport à l’Église romaine. Des parfaits, sont de passage à Montaigut puisqu’un axe était établi entre Hautpoul (Montagne Noire) et Simplessac (Bas Quercy). Un diacre hérétique comme Aymeric de Collet d’Albi, vivait dans un casal près des fortifications du château prêchant la voix de la dissidence. Etc. 

Voyant le danger de cette hérésie, le pape Innocent III déclenche une première croisade en 1209. Dès cette date des instructions secrètes sont menées par les serviteurs du pape indiquant les châteaux du comte de Toulouse Raimond VI, où se trouvent des hérétiques et des croyants. Montaigut est mentionné dans ce mémorandum, comme lieu hérétique. Cette oppression durera en Occitanie, jusqu’au traité de paix de Paris de 1229 qui mettra un terme à ces croisades du XIIIe siècle. 

Pour cette période, il s’est écris des faits historiques non vérifiés. Lors de mon étude de cette histoire locale j’ai remarqué que pendant la croisade contre les dissidents à l’orthodoxie romaine, Montaigut a été une place forte des croisés, puisque le site et d’après les textes, a été occupé par une importante garnison de 1209 à 1211 et même jusqu’en 1213. De plus je constate que Montaigut n’a jamais subi de siège de la part de la Militia Christi comme à Cahuzac-sur-Vère, et que ce site n’est jamais mentionné dans la documentation exploitée comme lieu démantelé à l’image de Saint-Marcel, ou encore pris d’assaut avec assassinat de la population comme Saint-Antonin-Nobleval, Lavaur, …, ni même livré aux flammes. Ce site malgré la présence en son sein de la doctrine albigeoise, était-il un lieu « protégé » par les évêques d’Albi pour que les croisés l’épargnent ? Ou bien Simon IV de Montfort avait-il fait de Montaigut une place forte entre l’Albigeois et le Bas-Quercy pour le repos de ses croisés ? 

De plus, Montaigut n’a pas été démantelé dès le traité de paix de Paris de 1229, et surtout ses habitants ne sont pas descendus dans la plaine pour peupler la nouvelle bastide de Lisle, comme il est souvent dit, car d’une part, son histoire se poursuit jusqu’à la fin du XIIIe siècle ainsi qu’au cours du XIVe siècle, d’autre part, Lisle d’Albi était déjà habitée d’après un document de 1248. Alors, Montaigut perd tout intérêt commercial, administratif, historique et c’est une histoire lisloise qui voit le jour dont sa Genèse se réalise dans la période de 1230 à 1248/1249. Mais cela est une autre histoire ! 

En 1964 et 1965, il y a eu sur le site privé de la famille Lombard deux campagnes de fouilles où un important mobilier archéologique a été trouvé, mais disparu on ne sait où ! Cependant aujourd’hui, on peut voir seulement que les vestiges d’une tour et l’église actuelle, n’est pas forcément celle du moyen-âge ! 

Néanmoins le compte rendu de ces fouilles précise les dimensions du site : 230 m. de longueur par 80 m. de largeur soit une superficie de 18 400 m². Lorsqu’en 2011 un petit effondrement de vigne, s’est formé et l’investigation faite laisse voir deux silos superposés dont l’ensemble fait 5 m. environ de profondeur. La terre meuble évaluée sur la totalité du site est de 2 m. environ ce qui nous donne un volume de 36 800 m3. Sachant que la densité de la terre est 1,4 T. au m3, actuellement le visiteur a sous ses pieds 51 520 TONNES environ de terre qui recouvrent le village entier du moyen-âge. Tout ceci est bien réel, mais purement théorique. 


                                                                                                                  Gérard Veyries (11/04/2023) 
 
 
Bibliographie :  
• Veyries Gérard, Montaigut en albigeois, commune de Lisle-sur-Tarn, année 2015.  
• Veyries Gérard, Lisle d’Albigeois, édition revue et augmentée, année 2022